Tout comme les autres secteurs, le marché des locations commerciales a connu de nombreux changements causés par la pandémie. Ces perturbations se sont répandues à l’échelle nationale dans les différents centres-villes qui semblent moins sollicités par les sociétés. Plusieurs questions se posent alors sur l’avenir des tours de bureaux avec cette situation déconcertante. Quel est l’état actuel du marché ? Comment s’annonce l’avenir ?
État du marché
Parmi les centres-villes influencés par la situation sociale liée au Covid-19, les plus concernés sont Toronto, Vancouver, Montréal et Calgary. Chaque centre-ville a subi une augmentation fulgurante de son taux d’inoccupation de l’espace commercial.
Toronto
Avec l’apparition de la pandémie, Toronto se retrouve avec plus de 9 millions de pieds carrés disponibles. En d’autres termes, 450 étages du centre-ville sont libres pour une location ou une sous-location. Une comparaison de ces chiffres avec ceux relevés au début de la crise sanitaire laisse constater une augmentation de 155 % du taux d’inoccupation de l’espace commercial.
Vancouver
L’impact de la pandémie est encore plus remarquable à Vancouver. Le pourcentage des espaces commerciaux libérés dans le centre-ville a subi une hausse de 167 %. Les conséquences de cette situation sanitaire se révèlent donc très négatives au niveau de ces deux marchés. Selon Laurent Benarrous, durant la période prépandémique, très peu de pieds de carrés y étaient disponibles pour une location.
Calgary
Le cas du centre-ville Calgary présente une particularité, car celui-ci connaissait déjà un exode des locataires avant la situation pandémique. La chute de la valeur du pétrole en est la cause principale. Le Covid-19 et la généralisation du télétravail n’ont fait qu’augmenter les difficultés du marché.
Selon Rylan Graham, l’avenir se présente assez sombre pour Calgary. Pour lui, le centre-ville devrait convertir les bureaux inoccupés de la métropole albertaine en logement abordable. Selon les recherches d’Avison Young, les statistiques présentaient un taux d’inoccupation de 25,2 % avant la pandémie, mais il se situe désormais à 27 %. Comparé aux centres-villes Toronto et Vancouver, Calgary connait une élévation légère.
Montréal
Sur le plan national, Montréal se positionne à la deuxième place dans le classement des centres-villes avec les taux d’inoccupation les plus élevés. Son pourcentage (9,5 %) reste largement inférieur à celui de Calgary.
Au cours de la dernière année, M. Bernarrous relève une augmentation de près de 46 % de l’espace commercial disponible à louer dans le centre-ville montréalais. Le courtier explique que cette hausse serait liée à un exode locataires commerciaux au profit des banlieues. Ce phénomène aurait un lien direct avec les conséquences du Covid-19.
Futur du marché
L’état du marché de bureaux ces derniers mois s’explique par le développement du télétravail qui réduit l’utilisation des bureaux par les entreprises. Au Canada par exemple, près de 40 % des employés peuvent accomplir leurs tâches quotidiennes depuis leur domicile. D’ailleurs, les différents sondages effectués révèlent que la majorité des travailleurs éprouvent l’envie de continuer à faire du télétravail.
De même, de multiples entreprises de renommées comme shopify, OpenText et Twitter ont pris l’initiative de maintenir leur employé dans des conditions de télétravail. Toutefois, certaines compagnies préfèrent adopter un modèle de travail hybride entre bureau et télétravail.
Un bon nombre d’entreprises recherchent aujourd’hui des locaux à sous-louer ou à vendre. Le premier cas qui figure dans la liste demeure celui du conglomérat Power Coporation of Canada. La société lança récemment une recherche de locataire pour ses bureaux situés au sein du quartier financier de Toronto. Au même moment, Amazon et Shopify, les plus grandes entreprises du commerce en ligne, ont pris possession de nouveaux locaux dans la Ville de Reine.
Dans les centres-villes, de nombreux investisseurs institutionnels comme les régimes de retraite recherchent des acheteurs pour leurs actifs. Cependant, selon le rapport de JLL, plusieurs investisseurs privés profitent de cette occasion pour se procurer des locaux. D’après les évaluations réalisées, cela représente plus de la moitié des transactions effectuées.
Aujourd’hui, le futur du marché du bureau semble prometteur, car les investissements se poursuivent toujours et prennent encore de l’ampleur. Ces achats constituent pour ces investisseurs, les stratégies d’anticipation d’hybride entre bureau et télétravail. Ils sont prêts à faire preuve de patience durant un ou deux trimestres en attendant que le rendement revienne à la hausse. Le marché des bureaux reviendra donc à la vie progressivement dans un futur proche.